AI Act marketing : obligations de transparence pour les publicités et contenus générés

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La transparence, votre nouvelle « Brand Safety »

Nous sommes fin 2025. L’IA générative n’est plus une option. C’est le moteur de vos campagnes. Vos équipes génèrent des visuels avec Midjourney, rédigent des fiches produits avec GPT-4 et automatisent le service client. La productivité a bondi. C’est un fait.

Mais le terrain de jeu a changé. Radicalement. Depuis août 2025, les premières briques de l’AI Act européen sont en place. En parallèle, la DGCCRF et l’ARPP serrent la vis sur la base de la loi « Influenceurs » française. Le consommateur, lui, est noyé. Il doute. Pire, il se méfie. Un défaut d’étiquetage n’est plus une simple négligence : c’est un risque pénal (jusqu’à 2 ans de prison en France) et administratif (jusqu’à 15 millions d’euros d’amende via l’UE). Le « pas vu, pas pris » est mort.

Comment sécuriser vos campagnes marketing en 2026 sans brider la créativité de vos équipes, et faire de cette contrainte légale un levier de confiance client ?

Ne subissez pas la loi. La conformité doit devenir une preuve de « Qualité Premium ». Pour cela, vous devez déployer immédiatement trois actions :

  1. Auditer vos flux pour distinguer l’IA « aide à la création » de l’IA « générative intégrale ».
  2. Marquer techniquement vos actifs (norme C2PA) pour prouver votre bonne foi aux plateformes.
  3. Afficher clairement la couleur au consommateur (« Image virtuelle »), transformant l’obligation en pacte d’honnêteté.

Cet article est un complément opérationnel à notre article stratégique : IA & PME / ETI : l’excellence à portée de main.


AI Act & loi « Influenceurs » : le double verrou réglementaire

En tant que dirigeant ou directeur marketing, vous naviguez entre deux eaux : le règlement européen (structurel) et la loi française (immédiate).

L’AI Act : êtes-vous « fournisseur » ou « déployeur »?

C’est la distinction cruciale de l’Article 50 du règlement européen. La plupart des PME ne codent pas leur propre IA (fournisseurs), elles l’utilisent (déployeurs). Et cela change tout.

  • Le fournisseur (ex: Adobe, OpenAI) : il doit s’assurer que son système génère des contenus marqués techniquement (lisibles par machine). Depuis août 2025, les obligations pour les modèles d’IA à usage général (GPAI) sont actives.
  • Le déployeur (Vous, la marque) : vous avez l’obligation de transparence envers l’utilisateur final.

Le cas critique des « deepfakes » et contenus synthétiques (Art 50.4)

L’AI Act impose une transparence totale si vous générez ou manipulez une image, un son ou une vidéo qui ressemble à une personne, un objet ou un lieu existant et qui pourrait être perçu comme authentique (définition du « Deepfake »). 

Concrètement : si vous utilisez l’IA pour créer un influenceur virtuel ou pour modifier le visage d’un mannequin dans une pub, vous devez le dire. L’exception pour usage « artistique ou satirique » existe, mais attention : en publicité, la jurisprudence considère souvent que le caractère commercial prime sur l’exception artistique. Ne jouez pas avec le feu.

Pour aller plus loin sur le texte officiel, consultez l’Article 50 : Obligations de transparence pour les fournisseurs et les déployeurs de certains systèmes d’IA.

La France frappe fort : la loi influenceurs de 2023

La France a anticipé l’Europe. La loi n° 2023-451 du 9 juin 2023 ne concerne pas que les stars de TikTok, mais toute marque faisant de l’influence commerciale.

Deux mentions sont désormais vitales pour vos visuels publicitaires :

  1. « Image retouchée » : si vous affinez ou épaississez la silhouette d’un mannequin via Photoshop (même sans IA).
  2. « Image virtuelle » : si le visage ou la silhouette est généré par une IA.

Le piège à éviter : penser que cela ne s’applique qu’aux humains. Si vous créez une mascotte hyper-réaliste ou un décor photo réaliste trompeur pour vendre un voyage, vous entrez dans la zone de risque des pratiques commerciales trompeuses (Code de la consommation).


Pourquoi la transparence est votre meilleur ROI

L’opacité coûte cher. La transparence, elle, rapporte. Voici pourquoi.

Éviter un « Bad Buzz » dévastateur

L’année 2024 et 2025 ont été riches en scandales. Souvenez-vous de l’Office de Tourisme de Chamonix. Une campagne d’affiches sublimes, mais générées par IA. Le public a vu la mention, mais a rejeté le message : « Vendre de la nature avec du faux ? ». Le bad buzz n’était pas légal, il était éthique. La leçon : La conformité légale ne suffit pas. Il faut une cohérence de marque. Si votre promesse est « l’authenticité » ou le « terroir », l’usage non déclaré (ou mal expliqué) de l’IA est un suicide réputationnel.

La « Brand Safety » face aux droits d’auteur

Utiliser une image générée par Midjourney sans savoir sur quelles données le modèle a été entraîné expose votre entreprise. En août 2025, les obligations de transparence des fournisseurs de modèles (GPAI) sont entrées en vigueur, forçant une certaine traçabilité. En tant que marque, utiliser des outils conformes qui respectent les droits d’auteur (comme Adobe Firefly qui est entraîné sur une banque d’images Adobe Stock) et afficher cette provenance protège votre propriété intellectuelle. Vous ne voulez pas qu’un concurrent vous attaque pour contrefaçon involontaire d’un style d’artiste protégé.

Sur les risques liés aux données d’entraînement, lire les analyses juridiques sur l’AI Act et la propriété intellectuelle.

L’IA comme levier créatif assumé (Cas Bescherelle & Undiz)

La transparence peut être cool.

  • Undiz a utilisé des mannequins IA en affichant clairement « Images générées par IA ». Résultat ? Une perception d’innovation et d’honnêteté.
  • Bescherelle a généré des images absurdes via IA pour prouver que « L’IA a besoin de l’orthographe » (prompts mal orthographiés = images ratées). Ici, la transparence est le cœur du concept créatif.

Mise en œuvre : votre « Tech Stack » de la conformité

Comment passer à l’action ? Il ne suffit pas d’écrire « IA » en bas d’une image. Il faut structurer la donnée.

La norme C2PA : le standard industriel

Oubliez les métadonnées classiques qui sautent au premier upload sur Instagram. La norme C2PA (Coalition for Content Provenance and Authenticity), soutenue par Microsoft, Adobe et la BBC, est devenue le standard « Gold ». C’est une « étiquette nutritionnelle » numérique cryptée qui voyage avec le fichier. Elle dit : « Créé par [Marque], avec [Outil], le ».

Action pour les PME :

  • Vérifiez que vos outils créatifs (Photoshop, etc.) exportent les Content Credentials (C2PA).
  • Exigez de vos agences qu’elles livrent les fichiers avec ces métadonnées intactes.

Le watermarking : La ceinture de sécurité

Les métadonnées peuvent parfois être effacées par des CMS anciens. Le watermarking invisible (comme la technologie Digimarc ou SynthID de Google) insère un signal imperceptible dans les pixels mêmes de l’image. Même après une capture d’écran, l’origine IA reste détectable par des logiciels spécialisés. C’est votre assurance-vie contre les accusations de « Fake News » ou de manipulation.

L’UX de la transparence : comment l’afficher ?

Ne cachez pas la mention.

  • Sur les réseaux sociaux : utilisez les labels natifs. Instagram, TikTok et YouTube ont désormais des cases à cocher « Contenu altéré ou synthétique » lors de l’upload. Si vous ne le faites pas, leurs algorithmes peuvent pénaliser (shadowban) ou supprimer votre contenu.
  • Sur votre site : une mention « Assistant Virtuel » claire pour vos chatbots est obligatoire dès la première interaction (Art 50.1 AI Act). Pas de « Sophie, conseillère clientèle » avec une photo de stock sans préciser sa nature artificielle.

Votre plan d’action immédiat

Ne reportez pas. Voici ce que vous devez faire ce mois-ci.

Semaine 1 : l’inventaire (Shadow AI)

  • Listez tous les outils IA utilisés par vos équipes (Marketing, Sales, Tech).
  • Identifiez les zones rouges : Chatbots non déclarés ? Images produits 100% synthétiques sans mention ?

Semaine 2 : la mise à jour contractuelle

  • Révisez vos contrats avec les influenceurs. Ajoutez une clause « Transparence IA » obligeant à respecter la loi du 9 juin 2023.
  • Vérifiez les CGU de vos outils d’IA. Êtes-vous propriétaire des outputs ? (Souvent non, ou flou).

Semaine 3 : le marquage

  • Activez les « Content Credentials » sur vos logiciels de création.
  • Mettez à jour les scripts de vos chatbots avec la phrase : « Je suis un assistant virtuel alimenté par IA ».

Semaine 4 : la formation

  • Formez vos Community Managers. Ils sont votre première ligne de défense. Ils doivent savoir repérer et étiqueter un contenu IA avant publication.

L’ère de la « vérité augmentée »

L’AI Act et la loi Influenceurs ne sont pas des freins. Ce sont des filtres. Dans un monde où le contenu est infini et gratuit (merci l’IA), la valeur se déplace vers la confiance. Une marque qui dit « Voici comment nous avons utilisé l’IA pour créer ceci » traite son client en adulte. Elle crée une relation de pair à pair.

Les gagnants de 2026 ne seront pas ceux qui utilisent le plus l’IA, mais ceux qui l’utilisent avec la plus grande clarté. La transparence est votre nouvel avantage concurrentiel.


Sources et références


FAQ

1. La mention « Image virtuelle » doit-elle être affichée sur l’image elle-même ou dans la légende ?

Dans le doute, visez l’image. Bien que la loi française (Loi Influenceurs 2023) exige que la mention soit « claire, lisible et identifiable », elle laisse une marge d’interprétation.

  • Le standard de sécurité : our un post Instagram ou LinkedIn, la mention dans la description (caption) peut suffire si elle est au début et non noyée sous 50 hashtags.
  • La recommandation « Brand Safety » : our une bannière publicitaire (Display, Facebook Ads) qui circule hors contexte, incrustez la mention discrète « Image générée par IA » directement dans le visuel (en bas à droite). Cela vous protège si l’image est partagée sans son texte d’accompagnement.

2. Si j’utilise l’IA juste pour améliorer la lumière ou enlever un défaut (gomme magique), dois-je mettre le label « IA » ?

Non, il y a une nuance de taille (le seuil de « manipulation substantielle »).

  • Usage « assistance » (pas de label) : correction colorimétrique, dé-bruitage, recadrage intelligent. Ici, l’IA est un outil technique, pas créatif.
  • Usage « génération » (label obligatoire) : si vous modifiez la forme du visage d’un mannequin, si vous ajoutez un décor qui n’existait pas, ou si vous rajeunissez une personne. Le critère clé de l’AI Act est la création d’un contenu qui « ressemble à une personne, un objet ou un lieu existant et qui pourrait être perçu comme authentique ». Si vous changez la réalité, vous devez le dire.

3. Les plateformes comme Instagram ou TikTok ajoutent leurs propres labels « IA ». Est-ce suffisant pour être conforme à la loi ?

Ne vous reposez pas uniquement là-dessus. Les plateformes ajoutent ces tags pour se protéger elles-mêmes en tant qu’hébergeurs.

  • Le risque : ces tags sont souvent discrets ou cachés dans des sous-menus. Si un consommateur se sent trompé et porte plainte, c’est l’annonceur (vous) qui est responsable pénalement, pas TikTok.
  • La bonne pratique : cochez la case « Contenu IA » de la plateforme (pour éviter que l’algorithme ne vous pénalise) ET ajoutez votre propre mention claire dans votre communication. C’est la règle de la « double sécurité ».

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